La carte paradoxale, c’est une carte qui ne sort pas où elle devrait : soit elle est “négative” (comme une Maison-Dieu ou un 9 d’Épées) et sort à un emplacement positif (comme “Ma force” ou en conseil), soit elle est “positive” (comme le Soleil ou le 10 de Coupes) et sort à un emplacement négatif (comme “Mon problème”). On en parle peu, mais c’est un piège que vous rencontrerez forcément. Quelques tuyaux pour s’en sortir !

Un tirage, c’est une collection d’emplacements : “Moi”, “Mon problème”, “Ce que je peux faire”, “Ce que je ne dois pas faire”, etc. Comme ces emplacements sont choisis pour représenter les différentes facettes de votre situation, et que la vie n’est jamais toute blanche ou toute noire, certains sont plutôt positifs (pour souligner les forces que vous avez à votre disposition), et d’autres plutôt négatifs (pour identifier ce qui risque de vous freiner, afin de vous aider à le surmonter).

Votre jeu, quant à lui, contient beaucoup de cartes plutôt agréables, et beaucoup de cartes plutôt désagréables (on pense à vous, les Épées). Les cartes tombent au hasard dans leurs emplacements. Vous avez par conséquent à peu près une chance sur deux de tirer une carte paradoxale, c’est-à-dire une carte agréable à un emplacement désagréable, ou l’inverse. Une chance sur deux, c’est beaucoup : cela veut dire qu’il faut vous y attendre, sinon vous risquez de vous retrouver avec beaucoup trop de tirages qui ne vous parlent pas.

Exemples

Clotilde tire les cartes pour savoir comment faire face à une charge de travail qui s’intensifie dans son entreprise. Moi : L’Impératrice. Mon problème : le 6 de Coupes. Conseil : la Lune.

François demande aux cartes comment rencontrer une personne avec laquelle nouer une relation sérieuse. Moi : Reine de Coupes. Ce que je fais bien : 3 d’Épées. Ce que je devrais améliorer (c’est-à-dire : ce que j’ai tort de faire) : 10 d’Épées. Première chose à faire : Roi de Bâtons.

Si vous avez une carte agréable en position négative, comme Clotilde qui tire le mignon 6 de Coupes pour représenter son problème, cherchez la faille de la carte – elles en ont toutes. Sur le 6 de Coupes, un petit garçon offre des fleurs à une petite fille, ce qui est charmant. Il lui donne ces fleurs pour le plaisir de lui faire plaisir : pure gentillesse. Quel est le problème ? Être purement gentil (notamment dans le cadre professionnel) fait courir le risque de passer pour naïf, de vouloir aider sans comprendre la situation, ou sans se rendre compte qu’il faut aussi parfois se retenir de peur de se disperser (c’est d’ailleurs le défaut de l’Impératrice). Le problème de Clotilde est donc d’avoir tendance à vouloir faire plaisir, ce qui la conduit à partir dans tous les sens en essayant d’aider tout le monde.

Si vous avez une carte désagréable en position positive, il est très intéressant d’assumer la carte pleinement, en la lisant telle qu’elle est, plutôt que d’essayer de la tempérer en lisant le contraire de ce qui apparaît. Par exemple, François est surpris de tirer le 3 d’Épées pour représenter “ce qu’il fait bien”. Sans vous laisser impressionner, vous pouvez juste vous baser sur la phrase construite par l’emplacement et les mots-clefs de la carte. “Ce que je fais bien“… c’est… “la peine, faire de la peine, la blessure avec les mots”. Qu’est-ce que cela veut dire, que cela soit bien qu’il dise des mots blessants ? Une situation où cela peut être bien, c’est quand on dit clairement ce qui ne va pas, au lieu de prétendre qu’il n’y a pas de problème de peur de blesser l’autre. François a la qualité de dire les choses clairement, même quand cela ne fait pas plaisir. D’ailleurs, il sent bien quand il y a un problème, puisque la Reine de Coupes le montre sensible. Cependant, cette sensibilité lui donne aussi la mauvaise tendance de tout laisser tomber quand une chose ne va pas (le 10 d’Épées représentant ce qu’il a tort de faire). Pour être en mesure de nouer une relation sérieuse, il ferait mieux de se focaliser sur ce qu’il veut (Roi de Bâtons), plutôt que de ne parler que de ce qui ne va pas sans chercher à l’améliorer – ce qui n’est pas le plus séduisant.

De même, pour Clotilde, qui a tiré la Lune en position de conseil : on ne lui conseille sans doute pas de s’angoisser, de devenir confuse ou folle ! Cherchez ce qui peut être utile dans cette carte. La Lune éclaire les ténèbres, ce qui permet d’identifier les animaux qui les peuplent. Elle représente les forces inconscientes peut-être effrayantes, qui gagnent à être mises au jour dans un travail sur soi qui peut être désagréable. Le bénéfice pour Clotilde serait sans doute de se demander quelle(s) angoisse(s) la pousse(nt) à toujours vouloir faire plaisir autour d’elle quitte à atteindre un niveau de charge mentale insupportable – craint-elle de n’être pas aimée, ou autre chose ? Mettre au jour ce qui se cache derrière cette compulsion pourrait grandement l’aider à retrouver l’équilibre.

Si vous êtes surpris par des cartes qui n’ont pas l’air de tomber “là où elles devraient”, ne vous inquiétez pas. D’abord, c’est normal : vous tirez les cartes au hasard, elles ne peuvent donc que vous surprendre, c’est l’intérêt du Tarot. Ensuite, référez-vous bien à votre emplacement et aux mots-clefs de la carte, ce qui vous donnera une phrase que vous essaierez de comprendre dans son contexte. Vous pouvez vous préparer à toute éventualité en faisant l’exercice de lister les côtés utiles des cartes que vous trouvez désagréables (par exemple, le 2 d’Épées se protège bien), et les failles des cartes que vous trouvez agréables (la lumière du Soleil peut paraître implacable). Vous trouverez des exemples dans cet article (as et cartes de cour) ou dans celui-là (cartes difficiles) ; nous nous attardons aussi sur ce sujet dans Devenir Tarologue, et le livret du Tarot Interdit liste toutes les significations des cartes en force, faiblesse (et inversé) pour secourir les lecteurs en cas de carte paradoxale. Bons tirages !