Je reposte ici quelques images de ma collection. Vous y trouverez des images anciennes qui résonnent avec nos arcanes, de façon à étoffer notre vision et aussi pour le plaisir des yeux. Cette page s’étoffera au fur et à mesure de rencontres inédites, n’hésitez pas à partager les vôtres ou vos hypothèses en commentaire !
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Il est d’usage de citer le Colporteur de Bosch à propos du Mat parce qu’il y a un chien et un baluchon aussi, mais ça n’est vraiment pas assez pour faire un lien, puisque le Mat est avant tout fou. Cette seconde représentation est plus rigolote (Guiard des Moulins, Bible historiale), et la troisième vient du psaultier Luttrell.
Le Bateleur avait mal commencé : c’était à l’origine l’illusionniste de foire, l’arnaqueur de base, celui qui raconte tout un tas de choses notamment tout un tas de bêtises (« basteler », c’est faire n’importe quoi). Dans les anciens tarots, sa carte appartient aux échelons les plus bas de la société, avec le pauvre miséreux à moitié fou qui a laissé place au Mat. Fin XIXe, l’essor de l’occultisme occidental le rachète complètement : d’illusionniste, il devient magicien, et magicien au sens fort, car ce mot va bientôt signifier « celui qui maîtrise l’Art et la Science d’appliquer sa Volonté au monde ». Il troque donc ses breloques contre les quatre éléments représentatifs de notre expérience du monde, les Bâtons, Coupes, Épées et Deniers qui nous sont familiers grâce aux mineures. Depuis, les tarots anglais ne l’appellent plus que « Magicien », mais c’est bien le même. De gauche à droite (cliquez pour agrandir), le Bateleur du feuillet Rozenwald (~1500), l’Escamoteur de Jérôme Bosch, la page du De Sphaera sur l’influence de la Lune (trouvé par Isabelle), Ancien tarot italien, Connolly Tarot.
La Papesse, une allégorie de l’Église ? Gravure issue de la Vie de saint Augustin, Frères Klauber, XVIIIe siècle ; la femme portant la tiare pontificale
La Force est une vertu cardinale issue de l’Antiquité. C’est d’abord Hercule qui soumet le Lion, mais dans la Bible, c’est Samson (reconnaissable à la mâchoire d’âne par terre) qui s’y colle. L’image devient féminine lorsqu’elle quitte la représentation d’un personnage de légende pour devenir simple allégorie. De gauche à droite : Boèce, Consolation de la philosophie ; Hercule étouffant le lion de Némée par Rubens ; Samson et le lion par Lucas Cranach l’Ancien, enluminure du Ms. 302 f. 120v de la Kantonsbibliothek de Zürich ; Missel Stammheim ; Rider-Waite.
En voici d’ailleurs une jolie qui n’a historiquement rien à voir mais qui ressemble au parti-pris moderne du Rider : Guillaume de Machaut, Le Dit du Lion, Paris ca. 1390 (BnF, Français 22545, fol. 66v).
Et à propos de vertus cardinales, en voici deux datant de 1470, par Piero del Pollaiolo : la Justice et la Tempérance.
On ne sait pas qui tient la manivelle de la Roue de Fortune, mais dans le « Livre de la Vigne nostre Seigneur », il est peu sympathique. (Ms Douce 134, fol. 083r ; Knapp-Hall Tarot ; British Library Harley MS 4431, f. 129).
Historiquement, la Justice ne prend pas son bandeau avant l’époque de la Nef des Fous, 1494, par Sébastien Brant. A ce moment-là, c’est une blague (il n’y a plus de justice, messieudames). Aujourd’hui, on le prend plus au sérieux…
L’Étoile vient du Verseau en astrologie. (Add 18850 f.1).
Pour la Lune, les significations modernes se sont éloignées de l’allégorie historique : voici l’Inconstance, d’Abraham Janssens, vers 1617.
Mais d’où vient l’étrange drapeau du Jugement sur nos tarots ? Voilà que Jésus ressuscite, espiègle dans cette enluminure du quatorzième siècle, avec le même à la main… La croix de Saint Georges symbolise la victoire, ici celle sur la mort.
A propos de Jésus, la représentation traditionnelle du Monde est calquée dessus. Et les représentations du Christ en gloire sont bien antérieures à l’apparition du Tarot, donc ce n’est pas parce qu’on retrouve cette représentation sur la cathédrale de Chartres que les historiens ont tort ! (Enluminures des 13ème et 12ème siècles respectivement, Grimaud, tympan de la cathédrale de Chartres)
Juste pour le plaisir autour de la Reine de Coupes : de gauche à droite, un tarot de Bologne du 18ème, Hanson-Roberts, la Marie-Madeleine de Carlo Crivelli en détail et en pied, et la Foi de Piero del Pollaiolo (1470).
Pour la Reine d’Épées, la veuve Judith endosse bien le rôle. Tableau de Lucas Cranach l’Ancien, vers 1530 (Judith avec la tête d’Holopherne), tarot Deviant Moon, Hanson-Roberts.
Dans un autre style, deux personnages qui feraient de bonnes Reines de Coupes et de Deniers, tirés de l’Apocalypse selon St Jean, Royal MS 19B XV f31v et f32v.
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