Ce tirage est reproduit avec l’aimable autorisation de la consultante (tirage par mail).

Celle-ci pose une question dans le domaine sentimental. Elle est en couple depuis un moment, mais son ami ne s’engage pas. A sa décharge, il subit les pressions d’une autre femme qui semble avoir “de plus en plus d’emprise sur lui”. Il se défile à chaque fois que se pose la question du choix. Le désir de la consultante est pourtant bien clair, et légitime : obtenir de la stabilité avec quelqu’un qu’elle aime car il lui tarde de fonder une famille. Doit-elle s’obstiner dans son attente ou passer à autre chose ?

Le tirage est effectué ainsi : accueil dans le calme de la question posée, mélange des cartes (avec renversements) en la gardant fermement à l’esprit, coupe et lecture des 5 cartes consécutives qui sortent.

Celles-ci décrivent la situation avec une clarté absolument surréaliste.

interprétation tirage tarot cinq cartes

La structure se dégage clairement : 2 cartes de Deniers, 2 as, puis 1 majeure dont l’emplacement indique qu’elle décrit ce vers quoi tend la situation, c’est-à-dire ce qui va se passer si la consultante ne modifie rien.

Les deux cartes de Deniers, élément qui représente la stabilité, font apparaître deux points de vue contradictoires : une personne concentrée travaille à obtenir un résultat concret, tandis que l’autre se contente de regarder sans rien produire (le Valet découvre son élément, il est donc en position d’étudiant ; l’étudiant, c’est celui qui ne produit encore rien… et on peut très bien se contenter d’être éternel étudiant). La consultante est donc toute seule à travailler à la stabilité de sa relation, ce qui ne laisse rien présager de bon.

Les deux as vont nous montrer où se situe exactement l’incompréhension entre les deux personnes.

La consultante a besoin de deux choses : de la stabilité et un amoureux, pour fonder une famille. L’as de deniers représente traditionnellement le don de la stabilité, l’as de bâtons offre son désir libidinal. Les deux idées sont donc bien là ; où est le problème ?

C’est le placement des deux cartes l’une par rapport à l’autre qui éclaire tout. Si l’as de deniers tendait sa main vers l’as de bâtons, ils se regarderaient l’un l’autre et travailleraient ensemble. Et cependant, ils se tournent le dos. Chacune de ces possibilités part dans une direction différente. Cela nous permet de comprendre que là où notre consultante voudrait ces deux choses dans une même personne, pour son amant (représenté par le valet qui regarde vers les deux as) elles s’excluent. Lui souhaite la stabilité d’un côté, et le désir de l’autre. Nous comprenons donc qu’il n’a en réalité pas quitté sa femme, une épouse un peu ennuyeuse, et qu’il a pris notre consultante pour maîtresse afin de pimenter sa routine. Seulement, on n’épouse pas sa maîtresse : elle a beau nous exciter, si l’on vivait ensemble au quotidien, l’ennui viendrait vite remplacer le piment… Pour cet amant, donc, désir et stabilité s’excluent mutuellement : il ne désire pas la femme avec laquelle il vit, et il ne veut pas vivre avec la femme qu’il désire (il perdrait alors cette excitation).

Et l’arcane majeure vient conclure. Après deux paires portant chacune leur contradiction, le Chariot apparaît avec sa contradiction interne : un homme prêt à conquérir, dans un chariot qui n’est en réalité qu’un bloc de béton dans lequel il est pris jusqu’à la taille. Cette carte représente clairement l’attitude de l’amant : un homme qui maîtrise la situation, surplombant deux créatures tristes (les deux femmes prises dans l’histoire), droit comme un prince, le regard assuré. Il n’aura aucune raison de faire le choix que lui demande notre consultante : son besoin de stabilité est assuré d’un côté, son désir assouvi de l’autre ; il tient les rênes et est maître des deux créatures agenouillées ; il a mis en place une situation qui lui convient parfaitement et il ne souhaite pas en changer.

Aucune carte n’est renversée malgré le mélange qui devrait selon les probabilités faire sortir une carte sur deux à l’envers. La raison apparaît clairement : il n’y a rien dans cette situation qui ne soit dissimulé, inconscient, ou empêché. L’amant a mis en place en toute conscience une situation où il est visiblement le gagnant, et personne n’y a fait obstacle ; la consultante elle-même ne s’y trompe pas, d’où la formulation de sa question.

La consultante reçoit l’interprétation avec beaucoup de lucidité, indiquant qu’il s’agit bien d’une confirmation de ce qu’elle ressentait, et décide de poursuivre son propre désir plutôt que de rester victime des envies de l’autre.