Il n’y a pas de “vérité” originelle dans le Tarot, ni de doctrine qui serait “plus vraie” qu’une autre ; cependant, on peut quand même s’améliorer et apprendre de ses erreurs, donc reconnaître ce qui fait une interprétation maladroite. Voici 7 choses à éviter quand on travaille avec les cartes, que l’on préfère l’approche psychologique ou divinatoire.

1. Oublier les éléments au fur et à mesure

Concentré sur l’interprétation, le lecteur part dans des explications compliquées… au risque d’oublier la question de départ ; le tirage laisse alors un goût de frustration. Ou bien, l’enthousiasme de lire les cartes nous fait oublier les emplacements du tirage choisi ; la tendance générale est alors de lire chaque carte comme un “conseil”… quitte à se retrouver avec une liste de conseils longue et contradictoire, donc trop difficile à appliquer. Ou alors, concentré sur ce qu’on fait, on lit les cartes les unes après les autres… en oubliant ce qu’on a dit sur la précédente au fur et à mesure qu’on avance, ce qui finit par brosser un portrait un peu incohérent. 

La solution la plus simple reste d’écrire la question et emplacements sur un bout de papier : cela permet de garder les idées claires, pour fournir la réponse demandée ! Quant à garder les cartes en tête au fur et à mesure du tirage, c’est une question de pratique, mais aussi de disposition : gardons à l’esprit que lire un tirage équivaut à raconter une histoire, avec des liens logiques, des causes et des conséquences.

2. Éviter les problèmes pour rester agréable…

… comme chercher la façon dont on peut tourner l’interprétation pour changer en “oui” un tirage visiblement problématique, ou alors, devant une carte un peu difficile (comme un 3 ou un 10 d’Épées) s’en sortir en “oubliant” ce que demandait l’emplacement : par exemple remplacer “ce qui va en ta faveur”, “ton état d’esprit aujourd’hui”, “les intentions de ton partenaire”… par “ce qu’il faut éviter”, de façon à ce que l’interprétation reste positive.

Faire toujours plaisir (à son consultant, ou à soi-même), c’est acceptable quand on donne juste “la bonne aventure”. Mais si quelqu’un vient se faire tirer les cartes, c’est en sachant très bien que des cartes tirées au hasard ne lui diront pas forcément ce qu’il a envie d’entendre, donc en étant prêt à travailler sur ce qu’il peut améliorer ; il sera donc utile de nommer les problèmes, tant que c’est pour savoir les résoudre. Pour un tirage à la fois honnête et constructif, il est très utile de s’exercer au maximum avec les cartes dites “négatives” ; pour cela, j’ai ajouté ici un article sur les cartes paradoxales.

3. Dire des choses qui ne sont pas dans les cartes

Par exemple, si on se sert de l’Impératrice pour dire que la consultante est terriblement angoissée… il est difficile comprendre comment on en est venu à cette interprétation en regardant le dessin. Pour que le tirage soit clair, il est bon de pouvoir justifier de chacun des éléments qu’on évoque en s’appuyant sur quelque chose de bien visible sur la carte (donc de compréhensible par quelqu’un qui n’a pas forcément étudié le tarot).

On s’éloigne des cartes quand on essaie de les faire refléter son opinion personnelle. Or, si l’on fait un tirage de cartes, c’est pour avoir… l’opinion des cartes ! C’est très différent. Une carte qui dit tout autre chose que ce que l’on pensait, c’est bien utile pour prendre un nouveau recul ! Si l’on tire les cartes pour soi, on bénéficiera immensément du fait de s’ouvrir à la surprise. 

4. Juger la personne ou la situation

Si vous êtes certain d’avoir raison lorsque vous jugez que la personne qui vient de vous exposer sa situation a tort, est bête, ou mauvaise, vous n’êtes pas dans une ouverture d’esprit adéquate pour tirer le tarot.

Les cartes sont là pour nous faire découvrir d’autres façons de penser ; juger, c’est décider que seule la nôtre a le droit d’exister, ce qui exclut le dialogue. Or, si nos cartes contiennent des images, c’est aussi pour permettre à l’autre de s’y projeter pour rebondir ; le Tarot est donc aussi un dispositif d’accueil, et il convient de le respecter.

5. Réciter une leçon

Beaucoup de lecteurs débutants (ou moins débutants) évitent l’angoisse de la “page blanche” en récitant devant les cartes une leçon qui peut être brillante. Le problème, c’est que cette leçon a tendance à être très abstraite, puisqu’elle n’a pas été construite en fonction de la question posée aujourd’hui.

N’oublions pas que pour être utile, un tirage doit être applicable, donc concret et en lien avec ce que l’on demande. Face à la carte du Jugement, mieux vaut ne pas ennuyer son consultant avec des considérations spirituelles en lien avec l’adéquation avec son féminin / masculin ou la volonté divine, quand il se demande juste s’il doit passer un coup de fil… Il est plus facile pour tout le monde de rester simple, voire “ras des pâquerettes” quand on a juste besoin d’un conseil clair. Pour cela, il suffit très souvent de décrire ce que l’on voit sur la carte !

6. Utiliser des formules “choc”

“Aujourd’hui, tu es vraiment toute seule”. “Tu as fait tout ça pour rien”. “Tu n’es pas du tout prête”. “Tu as fait le mauvais choix”. Même si après ces mots, vous tenez un discours positif, aidant et constructif, pour bien accompagner le consultant vers la résolution du problème, la personne quittera le tirage en se souvenant de ce qui l’a émotionnellement impactée – donc, du négatif.

Il est indispensable de très bien choisir ses mots pour bannir toute formulation enfermante, donc d’être à 100% attentif pendant un tirage. Pour cela, la méditation et le travail personnel sont difficilement contournables. 

7. Prédire sans que cela ne soit demandé

Un tirage est un moment d’ouverture émotionnelle importante (sans compter le fait que les cartes soient symboliquement chargées d’une aura de magie / mysticisme qui peut être impressionnante). Cela implique une vulnérabilité avec laquelle la personne doit être parfaitement à l’aise : eh oui, on retrouve ici la notion de consentement. Insister pour faire un tirage de tarot à quelqu’un qui n’est pas du tout en demande, ou pire, lui faire une prédiction “intuitive” sans qu’il ait rien demandé, c’est intrusif, et une interprétation sauvage peut être aussi bienvenue qu’une main aux fesses.

 

Le Tarot est un outil fait pour nous surprendre ; ne comptons donc pas sur les certitudes. Ce qui est passionnant n’est pas de “savoir”, c’est d’apprendre sans cesse ; c’est ce qui fait tout le plaisir d’un vrai travail d’écoute.