Il existe aujourd’hui des milliers de tarots ! Leur structure a beau rester globalement la même, ils sont différents dans leur style, les détails de leurs arcanes, et surtout leur numérotation, selon qu’ils s’inscrivent dans la tradition de type Marseille (Justice en 8 / Force 11) ou de type Rider-Waite (Justice 11 / Force 8). Quel impact dans nos lectures ?
La question revient souvent quand on débute. On a appris d’une certaine façon avec un certain tarot, mais comment faire si on en change ? Doit-on rester fidèle à ce que l’on sait, ou complètement l’oublier pour projeter sans retenue sur l’image ? En général, l’erreur consiste à réciter ce dont on se souvient de l’ancien tarot sans regarder le nouveau, par exemple, dire « tu te sens tiraillé, avec un choix à faire » devant l’Amoureux du Rider-Waite, alors que l’hésitation est loin d’être évidente à trouver sur cette image harmonieuse.
On se retrouve alors avec une divergence qui risque de rendre la lecture plus difficile qu’elle ne devrait être. Or, tirer le tarot, c’est poser des images sur la table : il sera beaucoup plus facile de les laisser parler si l’on reste attentif à ce que l’on a sous les yeux, et faire preuve de plus de souplesse permettra de mieux laisser s’exprimer le jeu que l’on a choisi cette fois-ci pour tirer. Voici un exemple facile de divergence entre les deux tarots de référence, le Marseille et le Rider-Waite :
Exemple 1 : Passé Présent Futur, avec le Rider-Waite. Cartes sorties : 1/ La justice 2/ l’Empereur 3/ L’Amoureux.
Une possibilité de lecture : 1/ Dans le passé, cette personne a su se regarder en face pour trancher clairement dans le sens de ses responsabilités. 2/ Aujourd’hui, cette personne est dans une position très solide : elle sait ce qu’elle veut, et n’en déroge jamais (ce qui est logique, puisqu’elle a déjà su reconnaître ses responsabilités ; elle a donc fait le choix de s’y montrer fidèle). 3/ Demain, cette personne se sentira en parfaite harmonie avec elle-même. Ses différentes parties (cœur, raison, spiritualité) fonctionneront de concert ; elle sera donc récompensée de la rigueur et de la discipline dont elle fait preuve aujourd’hui.
Si on change de jeu au profit d’un tarot de type Marseille… cela donne une autre nuance à la fin du tirage. En effet, là où l’Amoureux du Rider-Waite montre l’harmonie parfaite (Adam regarde Eve qui regarde un archange bénissant, symbolisant l’entente entre nos parties lorsque l’on fait le bon choix), celui du tarot de Marseille met davantage l’accent sur l’hésitation du garçon pris entre deux femmes (sous l’œil d’un Cupidon n’ayant pas encore décoché la flèche qui lui permettrait de se sentir appelé d’un côté ou de l’autre, donc qui l’aiderait à faire le choix du cœur).
Notre lecture pourrait donc devenir : 1/ Dans le passé, cette personne a su reconnaître ses responsabilités ; 2/ Aujourd’hui, elle fait preuve de solidité en s’y tenant ; 3/ Demain, cette solidité vacillera, car la personne connaîtra l’hésitation dont elle se défend aujourd’hui (peut-être parce que la rigueur dont elle fait preuve maintenant l’amène à oublier ses besoins personnels).
La première lecture est rassurante, l’autre soulève un problème. Laquelle est la bonne ? Celle du tarot que vous avez tiré. Elle pourra être encore différente si vous utilisez encore un autre jeu, comme le Fountain Tarot ou le This Might Hurt par exemple. Le tarot parle par images, donc lire les cartes demande de regarder ces images. Autrement, on court le risque de ne s’appuyer que sur ce que l’on sait déjà, c’est-à-dire de laisser libre cours au mental avec son cortège de justifications, de rationalisations et de marchandages. Ce sera forcément au détriment de l’intuition, qui compte sur la surprise pour apporter du nouveau. Ensuite, étudier ces images de façon structurée nous évitera de projeter tout et son contraire sur le dessin. Nous jouons toujours sur l’équilibre entre la rigueur du savoir et la spontanéité de la projection.
C’est la même chose pour les chiffres. Le Rider-Waite inverse la numérotation de la Justice et de la Force par rapport aux tarots de type Marseille les plus répandus. Qu’est-ce que ça change ? Pour l’immense majorité des tirages, il n’y a même pas besoin de se poser la question, puisque la numérotation n’est prise en compte que dans des cas très particuliers (en gros, uniquement le tirage en croix, si vous choisissez de calculer la synthèse, et seulement si vous avez tiré l’une et/ou l’autre de ces deux cartes). Pour ce cas de figure, il suffit de faire preuve de bon sens : si vous utilisez un jeu dans lequel la Justice est en 8, comptez 8. Si vous utilisez un jeu dans lequel la Justice est en 11, comptez 11. Oui, les cartes « auraient pu » être différentes si vous aviez tiré avec un autre jeu ; mais vous n’avez pas tiré avec un autre jeu ! Il n’est pas utile de s’effrayer de « ce qui pourrait être » ; mieux vaut se contenter de regarder les cartes que l’on a sous les yeux.
Les jeux de tarot sont différents, ils contiennent des nuances variées, parfois contradictoires, mais une chose reste constante : il est plus facile de lire les cartes que l’on tire que celles que l’on ne tire pas ! Le but d’un tirage de tarot est d’y voir plus clair : débarrassons-nous donc des complexités inutiles au profit de plus de confiance et de légèreté.
Je vois clair maintenant car j’ai commencé avec un jeu basé sur le Rider Waite mais qui n’est pas traditionnel « Histoire de Sorcière » et aujourd’hui j’utilise un autre qui est toujours basé sur le Rider Waite mais qui s’appelle Light Seers Tarot. Dans les deux cas les images inspirent une lecture « décalée ».
Je vais donc m’appuyer sur la théorie tout en m’autorisant de suivre mon instinct
Merci
Merci pour cet article. J’avais besoin de lire ces mots pour décomplexer ma pratique.