Le Tarot est un outil symbolique. De ce fait, le sens d’un tirage n’apparaît pas tout de suite : il doit être interprété, non pas en se soumettant à ce que l’on sait des cartes, mais en allant dans la direction du sens que nous y sentons caché. C’est là que l’intuition travaille, ce qui est l’occasion de se dégager du savoir.

On demande souvent : quand est-ce que je sais qu’une interprétation est juste ? Toute personne qui a déjà manipulé les cartes vous le dira : c’est quand on sent qu’elle est juste. Lorsqu’on fait un tirage, d’abord on ne comprend rien, ensuite un sentiment de justesse vient dire que nous avons mis le doigt dessus. Apprenons à nous en rapprocher.

Pour un bon tirage, il faut trois ingrédients :

  • la théorie qui fournit un support (elle nous évite de dire n’importe quoi) ;
  • la pratique (l’habitude accélère considérablement la découverte du sens),
  • et l’intuition.

L’intuition est une petite voix qui nous « parle » à l’oreille pour nous indiquer que le vrai sens de telle ou telle carte, pour la question qui nous intéresse, se situe dans cette interprétation-là et pas une autre. Quand on apprend les arcanes, on fait le tour de leurs significations pour des raisons pédagogiques ; mais toutes ces significations ne vont pas intervenir dans un tirage personnel, seulement une.

Le Bateleur, par exemple, représente une idée générale : agir dans le monde. Pour mieux la comprendre, nous ferons le tour des nombreuses expressions possibles de cette idée dans la vie des gens : prendre les choses en main, avoir du talent, savoir ce qu’on veut, s’amuser, cultiver son jardin (appliquer au monde ce que l’on cultive en soi), etc, etc.

 

Mais face à une question particulière, l’intuition nous soufflera que la question du talent n’a ici aucun sens, et qu’il vaut mieux aller chercher par exemple du côté de la communication (il communique sa volonté au monde) ; on ne sait pas pourquoi, mais c’est ce qui nous attire le plus à ce moment-là, et la communication avec le consultant va venir confirmer ce choix.

Cette intuition a une toute, toute petite voix. Elle est difficile à entendre tant on est souvent occupé par le bla-bla du mental (est-ce que je dis bien ce qu’il « faut dire » ? Suis-je sûr de bien me rappeler de ce que j’ai lu sur cette carte ? etc).

Comment l’entendre mieux ? Il y a de nombreuses techniques pour s’habituer à l’écouter (pratiquer la méditation, être attentif pendant la journée…), voici des possibilités.

1) S’éloigner du bla-bla du mental. Avant de couper les cartes, on peut poser la main sur le paquet, et s’arrêter deux ou trois secondes pour prendre conscience que nous sommes là, ici et maintenant. Lorsqu’on fait cela, on se rend compte que les choses se font un instant « plus claires ». C’est un moment de conscience qui calme les voix incessantes de l’intellect, ce qui fait un peu plus de place pour les murmures.

intuition22) S’entraîner à quelque chose qui demande de la mémoire, que ce soit un mémo avec des cartes (de Tarot ?), ou apprendre des listes de mots d’une langue étrangère. L’intérêt ? Lorsque notre mémoire consciente est saturée, c’est l’intuition qui viendra nous mettre sur la voie, car elle pointera vers une information que nous n’avons plus conscience de connaître ! Par exemple, les applications de smartphone sont très efficaces pour apprendre du vocabulaire étranger ; lorsque le programme nous interroge, et que nous avons oublié le mot en question, si nous sommes très attentifs, nous entendons parfois une « toute petite voix » qui nous le souffle à l’oreille. Elle vient de notre mémoire, qui a en fait le mot en stock, mais de façon trop ténue pour que la conscience arrive à venir le rechercher. Comme nous l’avons oublié, nous ne savons pas si ce que nous dit la voix est juste, ce qui fait que souvent nous l’ignorons pour essayer de retrouver le mot par des voies logiques (nombre de syllabes, étymologie, etc). Il est très efficace de s’habituer à obéir à la voix, et d’entrer le mot qu’elle nous souffle malgré nos doutes… l’application valide le mot, et nous nous sommes rapproché de notre intuition !

C’est exactement la même voix qui viendra « s’inviter » pendant un tirage de tarot, pour nous souffler la bonne expression imagée, la métaphore qui aura du sens à ce moment-là, voire un lapsus fort utile. Tout ce qui importe, c’est de se « déshabituer » à passer outre ces petits moments. Un lapsus, ça ne se corrige pas pour « dire ce qu’on voulait vraiment dire » et rétablir l’ordre. Ça s’écoute. Une intuition, c’est pareil.