Nous choississons de suivre l’ordre établi par la Golden Dawn, où Force = 8 et Justice = 11. Voir plus d’informations sur ce choix, qui évidemment ne modifie pas l’enseignement fondamental de la lame.
Sortir du refoulement par la compréhension
Le Chariot (VII) est parti à la conquête du monde extérieur, terminant ainsi le cycle I-VII qui visait à nous donner les outils nécessaires pour comprendre et agir sur le monde. Ceci fait, la Force vient lui apprendre que sa maîtrise ne sera pas complète si elle n’inclut pas aussi l’intérieur.
Les points communs avec le Bateleur sautent aux yeux, surtout si on dispose les arcanes majeures en trois rangées de sept pour représenter l’individuation en trois étapes. La femme porte la même coiffure en forme d’infini que lui ; le fond lumineux indique clarté, conscience et discernement ; les deux personnages vivent intensément l’instant présent. Les mêmes guirlandes de fleurs servent ici à relier la femme au lion. Là où le Magicien communiquait avec le haut (il se reliait à sa Volonté spirituelle pour ensuite l’appliquer aux éléments à sa disposition), la femme de la Force communique avec le bas. Elle représente une réconciliation aimante avec les forces d' »en bas » qui nous composent : pulsions, sexualité, force brute, animalité, etc.
La psychanalyse nous montre comment le refoulement de nos désirs fondamentaux les transforme en symptômes. Par exemple, une éducation basée sur la répression systématique de tout ce qui a rapport avec le corps ou à l’affectivité produit en général des symptômes débilitants. Etouffer la dynamique de la libido, c’est s’exposer à un effet « cocotte-minute » qui peut être dévastateur : elle tente de trouver un autre passage, créant le symptôme qui nous persécute. On voit bien que si la frêle femme de la carte comptait sur la répression brutale pour bloquer le fauve malgré lui, il se retournerait contre elle et la dévorerait.
Le symptôme est une pulsion qui va contre notre volonté. Par exemple, un boulimique voudrait juste avoir un rapport normal à la nourriture, mais n’y arrive pas. Il peut essayer de comprendre en analyse pourquoi « ça » s’exprime ainsi chez lui ; ses pulsions de nourriture ne seront alors plus un ennemi incompréhensible, mais il les reconnaîtra comme la façon qu’il a d’exprimer un manque fondamental. Il pourra alors ne plus chercher à s’imposer des restrictions de fer, comme par exemple un régime dont la pénibilité ne cesse de le faire « craquer » et qui finalement lui fait prendre plus de poids que s’il ne se forçait pas à suivre une règle. La psychanalyse lui aura permis d' »articuler » sa pulsion en en dégageant le message, comme semble faire la femme qui tient les mâchoires de l’animal, et de la réintégrer comme part de lui-même avec la bienveillance qui s’exprime dans notre carte.
La lame de la Force nous encourage à aligner notre volonté consciente et nos désirs pulsionnels ; si nous parvenons à les faire aller dans le même sens, nous avancerons alors avec deux fois plus de puissance que s’ils vont l’un contre l’autre et annulent leurs énergies. Et c’est en reconnaissant que nos passions font partie de nous, en tant qu’elles sont des manières d’exprimer notre désir et pas quelque chose d’incompréhensible et d’extérieur à nous, que nous nous réconcilions avec. Elles cessent de nous causer des ennuis si nous prenons garde de les utiliser consciemment, c’est-à-dire en s’assurant de ne jamais perdre de vue la direction dans laquelle va notre volonté (le Désir que les lames précédentes nous ont appris à reconnaître). Ainsi, nous utilisons leur force comme propulseur plutôt que comme frein. Un homme peut subir sa propre colère en cassant tout ; il aura alors deux fois plus de problèmes, car il devra à la fois résoudre la situation qui l’a mis dans cet état et remplacer les objets cassés. S’il se sait sanguin et l’accepte, et qu’il tient le cap de sa volonté, il sera toujours en colère, mais va plutôt en profiter pour effrayer ses ennemis en leur montrant qu’il est motivé à aller jusqu’au bout.
C’est ainsi que sur notre lame, le lion n’est pas vaincu mais dompté : il se soumet volontairement, car il reconnaît la supériorité de la volonté de la femme, et perçoit par son attitude d’amour qu’elle veut l’aider à s’élever, pas le réduire en esclavage. C’est en nous maîtrisant nous-mêmes qu’on fait en sorte que le monde extérieur aille dans notre sens et nous encourage ; notre puissance se nourrit d’elle-même et nous ouvre toutes les possibilités, au lieu de nous consumer. Le signe d’infini qui coiffe la femme nous rappelle cette ouverture, et aussi que comme les deux faces du ruban de Moebius, maîtrise de soi et maîtrise du monde sont inséparables.
Dans un tirage, la Force nous demandera de juger si notre femme maîtrise le lion par violence ou par amour ; elle nous parlera de communication en nous demandant d’articuler ce que tentent de dire nos pulsions. Elle nous suggèrera des solutions lorsque nous sommes confrontés à des problèmes qui pourraient se résoudre en adoptant les qualités et attributs de notre Lion (assumer sa superbe en cessant de courber l’échine, utiliser la force de notre rage pour obtenir ce qui nous a été refusé, etc).
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