On lira les images du Tarot avec des nuances en fonction de notre situation ; donc, le lire fait appel à l’intuition. Mais attention, ne s’appuyer que sur elle expose à la terreur du tarologue : tout à coup, le blanc, la carte qui reste obstinément muette ! Si cela vous arrive, c’est qu’il vous manque l’appui d’un système solide.
Les lecteurs purement intuitifs ont souvent des fulgurances à la limite de l’inexplicable ; mais parfois, une carte échappe et c’est la lutte. On a souvent une ou plusieurs cartes « ennemies », qui résistent malgré tous nos efforts (parce qu’elles correspondent à nos failles personnelles). Elles deviennent alors une véritable épée de Damoclès pour le lecteur intuitif. Vous posez une question sur l’amour, et vous détestez cet Hermite acariâtre, vieillard solitaire et peu avenant ? S’il tombe dans votre réponse, …aïe. Face à soi-même, c’est le blanc ; devant un consultant, c’est l’embardée. Au pire, on peut essayer de raccrocher cette carte maudite au reste du tirage en racontant des choses vagues (« tu as peur de te retrouver tout seul… »). Mais si le consultant ne sort pas du tirage avec quelque chose d’utile, c’est-à-dire de précis et clair, autant faire autre chose.
C’est cela qui empêche d’avoir suffisamment confiance en soi pour se lancer à lire aux autres ; et c’est dommage, parce que le Tarot déploie sa force aussi dans le partage. Or, c’est parce qu’on manque d’un système qu’on a cette difficulté-là. Si notre système est solide, alors on est certain qu’on pourra toujours s’appuyer dessus en cas de problème ; de plus, il faut à l’intuition un garde-fou, quelque chose de tangible, sans lequel on court le risque de projeter sur les cartes, sans s’en rendre compte, l’opinion qu’on a de la question du consultant – alors que ce n’est pas nous qu’il consulte, ce sont les cartes.
C’est pour cela qu’il est important d’étudier l’enchaînement des majeures les unes avec les autres. Ainsi, on se rend compte que chacune est une étape et porte un enseignement ; c’est de cet enseignement que profitera notre consultant en fonction de la carte qu’il aura tirée. Puisque chacune est une étape sur un chemin, comme l’indiquent les chiffres qui les coiffent, on ne risquera pas de se retrouver bloqué par l’idée que telle ou telle arcane serait forcément négative. (En caricaturant : « Qu’ai-je besoin de savoir pour arriver à nouer une vraie relation ? » – L’Ermite : « Non »).
De même, si on comprend comment le système des mineures fonctionne (plutôt que de s’efforcer de mémoriser des significations), on trouve mille portes de sortie intéressantes. Par exemple : ma question porte sur un dilemme professionnel. Auquel de ces deux projets vaut-il mieux que je me consacre ? Je sors le 2 de Coupes : je ne peux pas l’interpréter comme une rencontre amoureuse, ce qui viendrait comme un cheveu sur la soupe dans cette situation purement technique, et serait absurde. Par contre, si je me souviens que le 2 de Coupes parle de la manière dont la rencontre (2) s’exprime dans ma sensibilité (Coupes), je peux retrouver l’idée qu’une vraie rencontre peut se faire autour de quelque chose de commun. D’ailleurs, le caducée de Mercure entre les deux amants insiste sur la notion de lien, de communication ; les choses seraient donc liées. On comprend donc qu’à ce moment le Tarot réponde : « Mais ne vois-tu pas que l’un ne va pas sans l’autre, et que tu auras les deux ? ». C’est beaucoup plus souple, et beaucoup moins fatigant que de mémoriser des significations.
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