Les figures de cour n’ont pas bonne réputation : on les trouve en général compliquées à interpréter, alors qu’en réalité elles obéissent à un système tout simple. Zoom sur la plus sensible de ces cartes, la Reine de Coupes, pour donner un peu de personnalité à ses tirages.

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Tarot de Bologne, XVIIIe

Les arcanes majeures parlent d’étapes existentielles (abstraites), les mineures de notre expérience du monde. Cette expérience du monde contient forcément à la fois les situations que nous rencontrons, et les attitudes que nous adoptons face à elles. Comme les situations sont représentées par les chiffres (As-10), il revient aux figures de cour de parler des attitudes.

Reine et Roi sont les figures dominantes. Par conséquent, elles maîtriseront toutes les deux leur élément de façon mûre et adulte (pour le Roi de Deniers, ce sera l’élément matériel ou financier). La différence tiendra donc à la symbolique de leur sexe respectif. La première le fera de façon féminine, c’est-à-dire réceptive : elle en prend la qualité ; le second est masculin, donc actif : il s’en sert pour agir sur le monde. Et si la Reine de Coupes « prend » « la qualité qui correspond à la sensibilité », logiquement, la voilà sensible.

 

reine-de-coupes-rider-waite-regardSur le Rider-Waite, on la voit lancer un regard perçant à sa coupe, comme si elle en voyait l’intérieur. Et pourtant, sa coupe est un reliquaire fermé ; c’est la seule de toutes les cartes où le récipient porte un couvercle.

Cette Reine a donc la capacité de voir clair dans un domaine à la fois spirituel, voire sacré (voir l’As) et fondamentalement caché. On ne sait pas ce que ressent l’autre, puisque le sentiment lui est forcément propre, caché à l’intérieur de lui. Pourtant, les personnes sensibles sont mystérieusement capables de comprendre au premier coup d’œil ce que ressent l’autre ; c’est à ce genre de personne que l’on pourra par exemple confier nos histoires amoureuses, car on sait qu’elles comprendront sans que l’on ait à décrire en long et en large des sentiments auxquels le langage ne fera de toute façon pas justice.

Signification de la Reine de Coupes

Dans un tirage, cette carte parlera donc du fait de ressentir ; selon qu’elle sortira à l’endroit ou à l’envers, ça marchera plus ou moins bien.

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Tarot Hanson-Roberts

A l’endroit, il s’agira de se laisser toucher, de choisir avec le cœur plutôt qu’avec la tête, de bien comprendre ce qu’indique la sensibilité ; cette carte pourra faire référence à quelqu’un d’empathique, thérapeute ou analyste capable de bien entendre les sentiments cachés entre les mots. C’est quelqu’un qui sent ; il s’agit de bien sentir les personnes ou les actes, de savoir suivre son intuition pour ne pas se laisser embrouiller, de ne rien écouter d’autre que la voix claire qui éclot à l’intérieur. Il y a aussi un côté artiste à celui qui est touché par la beauté et les nuances de son expérience ; le tirage dégage du romantisme, des rêveries et de la bonté. Voilà une attitude sereine, quelqu’un qui sait et sent qu’il est bien à sa place, qui perçoit les choses intuitivement, touché mais pas submergé, et qui fait preuve de maturité émotionnelle dans le sens où l’on comprend bien ce qu’il se passe en nous, qu’on l’accepte et qu’on accepte de suivre le courant. Le conseil est d’écouter, de reconnaître ce que l’on ressent avec sincérité, sans le déguiser, de choisir ce que l’on « sent » bien plutôt que de se perdre dans des échafaudages intellectuels, de savoir entendre ses propres besoins comme ceux des autres, d’adopter une attitude réceptive, faite de simplicité et d’honnêteté.

A l’envers, elle parlera du fait de se blinder, de ne pas vouloir écouter ce que nous dit la sensibilité, parce que son message n’est pas celui qu’on a envie d’entendre. Par exemple, une femme en couple avec quelqu’un qui ne lui convient pas peut éviter d’entendre ce que lui dit sa sensibilité (il ne lui manque pas quand il n’est pas là) parce que le reconnaître impliquerait plein d’ennuis (le rendre triste, devoir déménager, être vue comme la « mauvaise fille » qui ne reste pas bien sagement aux côtés de son homme, etc). Il peut aussi s’agir de ne pas céder aux sirènes de la sensibilité alors que la situation appelle une analyse objective et raisonnable, de cesser de se montrer hypersensible, ou de cacher ce que l’on ressent jusqu’à ce que la situation soit plus appropriée.