Pourquoi les cartes tombent juste : question problématique. On a beau y aller de façon parfaitement cartésienne, on ne peut s’empêcher de se dire après un tirage que c’étaient bien ces cartes-là qu’il nous fallait et pas d’autres. Et pourtant, tout ça est tiré au hasard. Comment les conseils du Tarot peuvent-ils être justes ?
Jack of Wands a fait le (long) travail de comparer la fréquence de sortie de ses cartes à ce qu’elles devraient être avec le seul hasard (ici, en anglais). Conclusion : il trouve que ses tirages sont conformes à ce qu’ils devraient être si on les laissait au seul hasard. (Personnellement, j’ai l’impression de ne jamais voir les cartes qui ne m’intéressent pas, et que certains consultants tirent quasi tout le temps une même série de cartes, mais il a sans doute raison).
C’est-à-dire que les cartes sont tirées au hasard ; cela, on le savait déjà.
Seulement, l’aléatoire n’est pas forcément absurde. Jack est le premier à reconnaître que les conseils qui lui ont été donnés pendant ces cent jours étaient justes. Essayons donc de voir ce qui peut permettre aux cartes à la fois de sortir au hasard et de nous aider au moment où elles sortent.
Difficile sans paraître d’une mauvaise foi profonde d’invoquer l’effet Barnum à tout va : celui-ci ne fonctionne que pour les affirmations suffisamment vagues pour s’appliquer à tout le monde (vous n’aimez pas le conflit, vous aimez être reconnu, etc), alors que les cartes du Tarot sont particulièrement précises, surtout les mineures. Si l’on tire le 9 d’Épées qui signifie crise d’angoisse, il sera difficile de raconter au consultant qu’il est détendu.
Pour sortir de là, deux possibilités.
Soit on croit qu’il n’y a rien d’autre que des phénomènes psychologiques, dans ce cas on considère que l’inconscient se projette sur les cartes (puisqu’elles sont symboliques, et que le symbole est le langage de l’inconscient – le tarot sert à ça). Comme l’inconscient projette ce qu’il a en lui sur les cartes, et que celles-ci sont visibles sur la table, alors elles peuvent renvoyer à la conscience ce qui était dans l’inconscient – effet « miroir » révélateur.
Ces deux explications ne sont contradictoires qu’en apparence, parce qu’on peut considérer qu’il s’agit de deux fois la même chose avec un vocabulaire différent.
Il y a un autre aspect à prendre en compte : le système global du tarot n’est pas neutre comme l’est celui des cauris, du pendule, ou de tout autre objet utilisé en divination. Il est tout entier tourné vers plus de liberté. Chaque carte est volontairement « calculée » pour nous amener à réfléchir sur une question cruciale de notre existence, qui a forcément un impact sur la façon dont nous menons notre vie, et pour nous « tirer » doucement vers une meilleure compréhension et plus de responsabilité. Par exemple, le dessin de la carte du Diable me montre dans un seul mouvement que je me sens lié, enchaîné par des circonstances, mais qu’en même temps je n’y suis pas étranger. Quelle que soit la carte qui tombe, donc, elle est utile et matière à une réflexion bienvenue. Puisqu’on les tire au hasard, on « n’avait pas pensé » à voir les choses de cette façon…
Bref, il est difficile de trancher ; c’est d’ailleurs ce qui fait la qualité du Tarot, son aspect magique même entre les mains les plus cartésiennes, un outil sur le fil du rasoir. Ce qui est certain en tout cas, c’est qu’un tirage se fait en relation entre les cartes (leur système), le tireur et le consultant ; s’il y a de la synchronicité, c’est juste ; si c’est un coup de miroir, c’est bien aussi ; dans les deux cas, ça marche, et rien d’autre ne nous importe – on n’est pas là pour se sentir malin, mais pour chercher l’occasion de travailler sur soi, parce que c’est plus important.
Qu’en pensez-vous ?
Bonjour,
Dit comme ça le tarot est à même de contenter tout le monde du plus mystique au plus rationnel. Etant un peu « religieuse » sur les bords j souscris à l’explication du « tout connecté » tout en ressentant le vertige de ce que cela implique et l’assurance que tous les tirages m’échapperont. Aussi je n’ai pas trop de révérence (pas assez) les cartes dispensant leur savoir dans l’aléatoire de mon ressenti du moment