Le Rider suffisant largement à mon travail, je n’achète jamais d’autre jeu à moins d’un coup de cœur. C’est arrivé et je ne résiste pas au plaisir de partager le dernier en date : un jeu étrange, sexy et violent, qui a la particularité d’exister en parallèle avec un comic, mais dont l’élégance dépasse de loin le produit dérivé : une intéressante curiosité !
J’avais déjà craqué pour le style Art nouveau de l’Aquarian Tarot (David Palladini), mais des majeures vraiment trop éloignées du système m’empêchent de bien l’utiliser, ce n’est donc qu’un bel objet sur le bureau. C’était déjà autre chose avec le Deviant Moon de Patrick Valenza, deuxième coup de cœur officiel : celui-là il marche. Et maintenant, si vous suivez ma page facebook, vous avez peut-être vu passer ce Cavalier de Coupes…
Bon, on aime ou on n’aime pas le style vampire manga. Mais quand on aime, il y a de quoi trépider. Regardez-moi ce kohl sexy, cette coiffure romantique et ce poney dragon. Oui, ça me séduit les poneys dragons.
Donc il me l’a fallu. Long story short, la puissance de l’internet m’a permis de mettre la main sur un exemplaire, il est chez moi, et c’est encore mieux que ce que je pensais.
La BD elle-même
Cruel Thing est le personnage principal d’un comic surréel écrit par Lean et illustré par Vecchio. Il est une sorte de force qui va, sexuelle et destructrice, à cheval entre la matière et un enfer qui menace de l’absorber s’il ne se nourrit pas d’énergie orgasmique. Lancé dans l’absurdité d’un monde dont les lois physiques ne s’appliquent plus vraiment, Cruel Thing ne sait pas ce qu’il est ; proche du succube / vampire, il en adopte les codes faute de mieux (gothique, sexy, prédateur) avant de les dépasser. On est bien dans la quête de soi, mais traversée par une violence sexuelle désespérée ; corps et cœurs sont vendus, rejetés, arrachés avec jouissance, entre maîtrise, perte de contrôle et soumission savante.
Les majeures
On retrouve les personnages de la BD dans les arcanes majeurs, donc ça pourrait être complètement plat ; sauf que là, ça marche. Aucune erreur d’interprétation, tout est là, l’artiste sait parfaitement ce qu’il fait. Regardez-moi cette Lune incarnée par la divinité ricanante qui dans la BD accueille Cruel Thing en enfer, avec les chiens transformés en ses démons : jouissif.
Les mineures
Pour faire un tarot, au moment de s’attaquer aux chiffres, on a le choix entre reproduire les scènes du Rider (ce qui demande beaucoup de travail), ou s’en tenir aux cartes abstraites type tarot de Marseille (pour un résultat en général plat). Et là, on a la surprise d’une troisième voie particulièrement élégante. Des cartes quasi abstraites, où il n’y a que les éléments, mais disposés de manière à ce qu’on retrouve de façon certaine la scène familière du Rider, sans que cela n’empêche des détails qui donneront toute sa personnalité à la carte. Chaque carte de chiffre est ainsi fidèle aux particularités que l’artiste veut introduire sans que le lecteur ait à faire d’effort de décryptage. Je trouve ça admirable.
Comportement du jeu
Une chose est claire, Cruel Thing n’est pas un garçon facile ; il va y avoir du défi. Il a commencé par m’envoyer balader avec dureté sur des questions normales ; ensuite, c’est comme Deviant Moon, il a raison mais il pourrait au moins mettre les formes, c’est vexant. Conformément à son personnage, il est plus détendu sur des questions de badinage, où il se laisse aller à des traits d’esprit sans trop s’engager (« dirty talk » pour le cavalier d’Épées).
Les mineures fonctionnent parfaitement, avec une modification bienvenue des Valets qui deviennent jeunes filles, comme le valet d’Épées dans la photo ci-dessus. Seul bémol, l’arcane VI montre un couple amoureux comme dans 99% des tarots anglo-saxons (ce que je pense un contresens, venu de la confusion entre l’idée de couple et la question de « l’amoureux » qui doit apprendre à chercher sa place en suivant sa sensibilité) ; mais en fait, dans cette ambiance sensuelle, il se trouve que ça passe.
Avec son romantisme violent et agressif, ce tarot trouvera sa place pour les questions coquines, sans doute aussi les tirages fictionnels de type jeu de rôle ; pour le reste il faudra l’apprivoiser, mais ça ne fait jamais de mal de se faire remettre les idées en place, et je suis ouverte au challenge.
Edit: Le jeu étant désormais épuisé, Vecchio a partagé l’ensemble des cartes ici sur Facebook.
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