
Pendant des années, j’ai lu les cartes avec un Rider-Waite de base. L’intérêt du Rider-Waite, c’est que ses cartes mineures illustrées de scènes parlantes le rendent beaucoup plus facile à lire que le tarot de Marseille, dont les mineures abstraites rebutent. Cependant, au fil du temps, quelques griefs s’accumulaient :
- Les cartes des tarots anglo-saxons comme le Rider-Waite sont traditionnellement plus larges que celles du tarot de Marseille, ce qui les rend difficiles à mélanger pour les petites mains.
- On reproche beaucoup à la nouvelle édition par AGM-Urania, celle qui se rapproche le plus de la version originale de 1909, ses couleurs grisâtres qui rendent les dessins ternes.
- Et surtout, j’ai toujours été très énervée par la façon que les éditeurs ont toujours eu de traduire les noms des cartes à la pelleteuse. Je m’explique : les noms écrits à la main par Pamela Colman-Smith étaient supprimés et remplacés par le titre en français écrit à la machine, avec une police très froide et artificielle, qui n’avait rien à voir avec le dessin. Très laid. Cependant, difficile de garder un jeu en anglais et de s’appuyer dessus pour faire des interprétations en français, changer de langue prend aussi de la ressource mentale.
La chance devait frapper à ma porte : suite au bel accueil que vous avez fait au tarot de Marseille de Nicolas Conver dans ma collection, les éditions Animae m’ont demandé un Rider-Waite au format pocket. Il devait être conforme aux dessins originaux de Pamela Colman-Smith… mais avec le petit « truc en plus » qui ferait la différence.
C’était l’occasion de reprendre un travail que j’avais fait il y a longtemps, où j’avais retraduit les noms des cartes en français en reprenant lettre à lettre l’écriture de Pamela Colman-Smith, pour un Rider-Waite en noir et blanc qui m’a servi notamment à fournir les illustrations du Mini-Guide Ultime du Tarot.
Pour les couleurs, il faut savoir que seules les planches en noir et blanc sont originales, ce sont celles que Pamela Colman-Smith a fournies à l’éditeur (Rider) à l’époque. Les couleurs du Rider-Waite que nous connaissons aujourd’hui sont le fruit du travail de l’éditeur, pas de la dessinatrice. C’est pour cela que l’on connaît d’autres versions, avec d’autres couleurs, comme par exemple ici le Albano Waite. J’ai donc hésité : faire des à-plats de couleurs en copiant l’édition originale, ou quelque chose de plus intéressant ? J’ai alors eu une intuition : plutôt que de colorier les bâtons en marron, il serait plus vivant (et plus intéressant, bien que beaucoup plus chronophage) de leur appliquer la texture de vrai bois, prise sur une photographie de vrai bâton.
J’ai alors appliqué cela à toutes les cartes, tout en respectant les couleurs auxquelles nous sommes habitués. Ainsi, le trône de marbre de l’Empereur est en vrai marbre. La nuit derrière la Papesse a la profondeur du lapis-lazuli, les vêtements des personnages ont la douceur du velours… car c’en est réellement. Surtout, les ciels derrière les personnages sont tous différents. Soit les nuages suivent la fuite des bâtons avec rapidité, pour souligner celle du Huit de Bâtons, soit ils se font oppressants, mais en même temps mouvants, comme sur le Cinq de Coupes, pour souligner le fait que les regrets pèsent mais finissent par passer… Le ciel derrière l’Empereur est celui de la planète Mars, qui lui est liée par tradition, celui du Trois d’Épées est lourd d’orage. J’ai eu la surprise de constater que même si ce changement était très discret, il apportait à la carte une vie et un dynamisme qui font « rentrer » dans le dessin beaucoup plus vite et beaucoup plus fort, ce qui favorise l’intuition, et est tout de même beaucoup plus agréable à voir que les à-plats un peu ternes auxquels nous étions habitués.
Quelle différence avec le Rider-Waite de base ?
- Tous les titres des cartes traduits en français le sont de la main même de Pamela Colman-Smith (c’est une réutilisation des lettres originales au lieu d’une froide traduction à l’ordinateur comme c’est le cas de toutes les versions françaises existantes).
- Les dessins originaux de Pamela Colman-Smith sont rehaussés de couleurs issues d’éléments entièrement naturels (vrai marbre pour le trône de l’Empereur, lapis-lazuli derrière la Papesse, bois pour les bâtons, ciels profonds et dynamiques…).
- Le format pocket est particulièrement agréable à tenir en main et à mélanger – les possesseurs de petites mains vont se réjouir.
Voici une comparaison côte-à-côte des deux jeux. A gauche le Rider-Waite de base, dans la version de taille normale, celui qui est vendu en coffret aux éditions Trajectoire. A droite, mon Rider-Waite au format pocket. Notez la différence de taille, de couleurs, et le côté vivant du ciel sur la carte de droite.

Dans la même collection que le tarot de Marseille de Nicolas Conver, ce jeu est un petit trésor à tenir en mains. Il sort le 11 septembre prochain en librairie. En attendant, si vous souhaitez manifester votre soutien, vous pouvez le précommander à la FNAC en passant par le bouton ci-dessous.
Pourquoi précommander ?
- Vous recevez votre jeu le jour de la sortie, donc c’est pareil pour vous que si vous aviez attendu la sortie (charge mentale en moins).
- Les précommandes sur le site de la FNAC envoient aux FNAC physiques le message que ce jeu est attendu. Sachant que l’espace physique est limité dans les magasins, ceux-ci commanderont des exemplaires seulement s’ils savent que le jeu est attendu. C’est le fonctionnement propre à la FNAC. Or, pour que le jeu ait du succès, il faut que les clients puissent le voir…
- Surtout, montrer que le jeu est attendu envoie un message à l’éditeur. C’est cela qui lui permettra de décider s’il vaut la peine de me suivre dans un prochain projet ou non (en réalité, ce sont à la fois les précommandes FNAC et les commentaires Amazon). Donc si vous souhaitez que je vous concocte d’autres ouvrages, jeux et surprises, c’est à vous de décider de le rendre possible.
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