On débute dans la lecture du Tarot, et on se retrouve devant un tirage difficile à interpréter, ce qui décourage. Que s’est-il passé ? Très souvent ceci : on s’est contenté de poser sa question puis de poser les cartes en croix (ou selon tout autre type de tirage prêt-à-porter), c’est-à-dire qu’on n’a pas pris le temps d’analyser. Or, c’est la moitié du travail – et ce qui rend les tirages parlants.
Sans analyser la question, on ne sait pas si le tirage sélectionné y sera adapté. J’ai déjà parlé ici du tirage en croix, que je trouve trop massif pour les questions légères, et qui tend vers les questions fermées. Si on est occupé par une question tout à fait particulière, elle ne rentrera dans les « cases » de ce tirage que difficilement, ce qui rendra la lecture difficile.
Imaginons qu’un consultant se demande « Qu’est-ce qui me permettra de m’épanouir au mieux, le poste dans l’entreprise A ou le poste dans l’entreprise B ? ». Avec un tirage en croix, il faudra beaucoup d’énergie pour déterminer si les cartes centrales parlent de l’entreprise A ou de l’entreprise B. Ces arcanes peuvent tout aussi bien représenter ce qui serait bon pour le consultant, mais si ça se trouve, aucun des deux postes n’y correspond en réalité ; à ce moment, le lecteur va tenter de « forcer » les cartes à lui indiquer A ou B, et s’en tirera avec une interprétation indécise qui lui aura demandé beaucoup d’effort.
Il est beaucoup plus simple de décomposer la question avant de tirer les cartes, pour être sûr que le tirage choisi lui corresponde bien. Pour cela il faut se demander ce qui entre en ligne de compte dans cette question, et pas une autre. Ce consultant hésite entre deux postes parce qu’il cherche l’endroit où il s’épanouirait le mieux ? Cela implique que nous connaissions ce dont il a besoin avant toute chose. Il serait donc bon de le faire apparaître dans le tirage, en une ou plusieurs cartes, et en général en haut puisque ce sera notre critère fondamental. Ensuite, nous hésitons entre deux postes, pas entre trois. Il y aura donc deux autres parties au tirage : une pour le poste A, l’autre pour le poste B.
Continuons : chacun de ces postes a des caractéristiques qui lui sont propres : ambiance, possibilités d’évolution professionnelle, personnelle, inconvénients possibles – c’est une possibilité, vous pouvez en trouver d’autres, celle-là fait quatre emplacements pour chacun des postes. Il suffit alors de tirer et de comparer chacun des postes à ce dont les premières cartes ont montré que notre consultant avait besoin. Et voilà un tirage bien plus facile à interpréter, parce que fondé sur ce qu’il y a d’important dans cette question-là.
Comme il lui est spécifique, ce tirage ne conviendra pas du tout à une interrogation du type « Comment puis-je me réconcilier avec X ». Décomposer celle-là fait intervenir des éléments tout à fait différents : par exemple, le point de vue de X, ce qu’il souhaite ; mon point de vue, ce que je souhaite ; ce qui pourrait faire lien entre les deux ; la manière dont je pourrais amener ce point.
Cette décomposition a un intérêt double. D’une part, elle donne des emplacements déjà faciles à comprendre, et adaptés à la question, donc qu’il n’y a pas à « forcer ». Leur interprétation est toujours plus directe, donc plus facile, donc plus concrète puisque l’on sait bien de quoi on parle. D’autre part, elle amène à déjà bien réfléchir à la situation avant de poser les cartes. Faire l’effort de se demander quels sont les éléments qui interviennent dans une situation qui nous paraît floue, c’est déjà l’éclairer en grande partie ; or, le Tarot ne sert pas à autre chose !
Il ne faut donc pas se jeter sur les cartes mais toujours commencer par analyser la question. Plus on la décompose avec précision, plus l’interprétation est facile – parce que la moitié du travail a en réalité déjà été faite, et qu’analyser la question fait partie du tirage. Nous avons une tête pour la réflexion analytique, et des cartes pour la réflexion intuitive. Si l’on veut que nos tirages soient les plus utiles possible, il faut utiliser les deux à la fois. N’oublions pas que le Tarot est un support de réflexion : s’en servir ne se limite pas à l’acte physique de poser les cartes.
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