J’ai voulu savoir s’il était possible de faire imprimer à la demande un jeu qui n’existe plus sans y passer trop de temps, et obtenir un résultat final correct sans exploser le budget. Voici mes résultats avec un tarot ancien récupéré sur Gallica, pour tous ceux qui caressent l’idée de faire imprimer leur propre jeu mais n’ont pas forcément envie de le commander à 40 000 exemplaires de base.

Il y a déjà beaucoup de sites d’impression à la demande, mais ils demandent en général un nombre de commandes minimum qui exclut d’office les tests et les projets non commerciaux. Parmi les exceptions : makeplayingcards.com, un site chinois qui permet de choisir la taille de ses cartes et d’uploader ses images sans nombre minimum de commandes.

roi deniers jean noblet tarotJ’ai fait le test en sélectionnant un tarot à peu près complet sur Gallica : le Jean Noblet, dont on peut voir les scans ici.

Je voulais reproduire la version originale le plus fidèlement possible (pas de remastering comme celle qui existe aujourd’hui dans le commerce). J’ai tout téléchargé, reconstitué les mineures manquantes grâce à un autre jeu similaire, et généré un dos de carte symétrique à partir de l’original. Ensuite, il a fallu envoyer tout ça sur l’interface de MPC.

C’est là que ça a été le plus difficile. D’abord, 78 cartes c’est beaucoup ; ensuite, le format ne correspondant pas aux standards modernes, il a fallu faire correspondre tout ça à peu près. Surtout que MPC ne laisse pas trop de latitude à ce moment-là : d’une part, il faut prévoir une marge de « bleed » (une marge pour pallier aux incertitudes, des fois que ça décale un peu au moment de l’impression proprement dite), de l’autre, par une insuffisance de l’interface elle-même, il est très difficile d’intervenir avec précision sur le calage de la carte.

 

mpc2

Calage compliqué : on peut cliquer sur les poignées rouges, mais elles bougent vraiment très mal et sans qu’il soit possible de mesurer le déplacement. Sur la preview, les pointillés rouges matérialisent la marge de bleed ; même sans elle, on voit que le cadre de la carte va sauter à gauche et à droite, impossible de dézoomer pour l’éviter à cause du format.

tarot jean noblet tempérance lempérance

Carte pas droite

Les scans de Gallica étaient vraiment moyens, pas toujours droits ; le format bâtard et inégal, ce qui m’a forcé à garder un bout du fond des scans en haut de la plupart des images, et certaines mineures avaient du mal à rentrer. J’aurais pu régler ces questions de format et de taille sous Photoshop pour obtenir des fichiers tous égaux, mais j’ai préféré ne pas passer autant de temps sur un test car ce qui m’intéressait le plus était la qualité d’impression. J’ai donc redressé les pires et calé tout ça vraiment au jugé. En plus, les scans de Gallica sont loin d’être en haute définition, ils étaient à la limite de ce qu’acceptait le site, avec un risque de flou non négligeable.

Bref, je partais avec beaucoup de handicaps. Quelle ne fut donc pas ma joie de recevoir quelque chose de très bien !

– Déjà, avec les frais de ports j’en ai eu pour $30, c’est-à-dire le prix d’un jeu normal !! Et l’envoi a été rapide : 2 jours après, je recevais un mail confirmant l’impression, j’ai dû recevoir le paquet en une dizaine de jours.

– Unboxing :

Premier constat en sortant le jeu de la boîte aux lettres, ce n’était peut-être pas une bonne idée de choisir la boîte avec une fenêtre sur l’avant avec le Mat comme première carte.

mat fou tarot jean noblet

Bite

(Le site permet de créer un design pour la boîte aussi, mais ce n’était pas ce qui m’intéressait)

– Les cartes elles-mêmes : j’avais sélectionné le papier 330gsm « superior smooth » et c’est vraiment, vraiment bien, on obtient un glissant velouté extrêmement agréable, le meilleur de ma collection.

– L’impression : parfaite malgré les fichiers basse définition de départ ! Les couleurs sont respectées autant que je puisse m’en rendre compte en n’ayant vu que la version numérique (les couleurs peuvent varier selon les écrans), en tout cas la patine ancienne est très jolie. A propos de patine, je suis très contente du dos qui rend incroyablement bien.

dos noblet finalOn peut déjà voir sur la photo ci-dessus les moments où le calage a déconné à cause du format. Il y a un trait plus clair au haut de certaines cartes, c’est le fond des scans de la BNF ; trop courtes, elles étaient aussi trop larges, ce qui a conduit à perdre des bouts de cadre sur le côté. Piocher les mineures manquantes dans un autre jeu au format encore différent n’a pas aidé. Cependant, le problème ne m’affole pas : le jeu reste très beau dans l’ensemble, et je pense qu’il aurait été tout à fait possible d’éviter cela en passant plus de temps à harmoniser les fichiers. Résultat final :

cartes finales

L’ensemble rend très joliment (voyez comme cet Empereur est beau). Je trouve même que l’imprécision de découpage ne jure finalement pas avec l’ancienneté du jeu. Je suis très contente de ce test rapide et pas cher. Pour info, on peut reproduire les jeux libres de droits de la BNF tant que c’est pour un usage personnel ; si on souhaite commercialiser quelque chose comme ça, il faut négocier avec eux un pourcentage sur les ventes. Pour moi, me voilà avec un joli jeu ancien et agréable au toucher !