On peut tirer trois cartes sans décider de signification pour leurs emplacements. C’est le moyen le plus rapide et le plus facile d’obtenir une réponse à une question simple. C’est aussi cet exercice-là qui aide le plus à rendre la lecture rapide et confortable. Astuces pour aller encore plus vite !
L’exercice est le plus simple possible : on tire trois cartes au hasard, sans avoir prévu de tirage particulier ni même posé de question. Le but est de laisser le champ libre au Tarot pour voir ce qu’il a à dire. Ce sera en général un petit conseil, une réflexion générale, ou un commentaire en passant sur votre situation.
Il y a plusieurs façons possibles de lire les trois cartes posées devant vous. Selon les tirages, une méthode fera sens et les autres non ; il suffit de choisir la plus naturelle. La bonne interprétation, c’est celle qui nous apprend quelque chose d’utile.
1. Deux cartes qui vont vers une troisième
Si la carte 3 vous paraît désirable (richesse, joie…) alors on peut postuler que les deux premières vous indiquent comment y arriver.
Deux possibilités :
– Si tu fais (1) et (2), alors tu auras (3)
Ou, plus utile :
– Fais plutôt (1) de la manière (2) (une manière surprenante, à laquelle vous ne pensiez pas) : ce n’est que comme cela que tu arriveras à (3).
Exemple : 8 de Deniers – 10 de Deniers – 9 de Deniers, un tirage ancré dans le concret, purement financier.
Le 9 de Deniers est l’accomplissement matériel, la richesse. Comment l’obtenir ? On n’y arrivera pas en se tuant à la tâche (8D) même si c’est ce qui nous paraît raisonnable aujourd’hui (parce qu’on a la croyance que « plus je travaille plus je gagne de l’argent »). Avant le 9, il y a le 10 (transmission, pour les Deniers) – donc, « it takes money to make money ». Ne faire que travailler épuise et empêche surtout de gagner autant qu’on pourrait : en s’octroyant un petit plaisir, on se détend ; en investissant dans de beaux vêtements, des outils pratiques ou en délégant certaines tâches, on gagne en efficacité.
Si la troisième carte vous effraie, les deux premières peuvent montrer ce qui va causer le problème.
Exemple : Bateleur – Valet d’Epée – Maison-Dieu
- Le Bateleur est un communicant, un magicien, un illusionniste. Si ça se passe mal à la fin, il y a des chances pour que ce soit son côté « arnaqueur » qui soit en train de s’exprimer.
- Le Valet d’Epée découvre (valet) quelque chose de l’ordre de l’intellect (épée), donc il découvre une idée, il a la puce à l’oreille.
- La Maison-Dieu : bam, tout se casse la figure, catastrophe, affreux.
Résultat : « Si on découvre que vous avez menti, votre plan va s’écrouler ». Trouvez donc un moyen d’obtenir ce que vous voulez sans avoir à déformer la réalité… si c’est une bonne idée de toute façon, cela devrait être facile.
2. Lecture grammaticale par mots-clefs
Réduire chaque carte à un mot-clef permet de reconstituer une phrase simple. Imaginez que les trois cartes vous parlent de manière étouffée : vous n’entendez que les mots principaux, mais vous pouvez vous faire une idée de la phrase.
Exemple : Bateleur – Tempérance – Force
Mots-clefs :
- Bateleur : Communiquer (ma volonté aux choses, dire ce qu’on veut, etc)
- Tempérance : Relier (le matériel au spirituel, deux contraires, etc)
- Force : Réconcilier (le moi et la libido, la conscience aux forces inférieures, etc)
Lecture grammaticale : « communiquer relie (et) réconcilie », ou : ce n’est qu’en échangeant nos points de vue qu’on arrivera à créer du lien et à se réconcilier (pas en essayant de faire passer des messages implicites partout où on peut).
On ajoute les mots de liaison là où ils sont utiles ; souvent, le tirage est même de forme sujet-verbe-complément, ce qui facilite tout.
Exemple : L’Amoureux – Le Pape – XIII renversée
Mots-clefs :
- L’amoureux : « l’amoureux », parfois il n’y a pas besoin de couper les cheveux en quatre
- Le Pape : il enseigne à ses deux petits moines, donc « Apprendre »
- XIII renversée, donc ne pas changer : « rester moi-même »
Résultat : « Mon amoureux m’apprend à rester moi-même », en m’aimant tel que je suis sans m’imposer de devenir quelqu’un d’autre.
Jeux de mots et expressions toutes faites marchent particulièrement bien dans ce genre de lecture. Décrocher la Lune, se voiler la face (Papesse), arrête ton char (Chariot renversé), je veux bien être Pendu, etc. : si une blague vous vient, surtout n’hésitez pas.
3. Lecture grammaticale « en gros »
La même chose en réduisant la carte au résumé de son enseignement de base (ex : « prendre ses responsabilités » pour la Justice, « sentir l’appel » pour le Jugement, etc). Ne faites pas d’effort pour retrouver une signification « officielle » de votre carte ; vous n’avez besoin que de ce que vous avez retenu ou de ce qu’elle signifie pour vous, et si ce n’est pas parfaitement net, ce n’est pas grave. Il suffit d’avoir une idée globale.
Exemple : 2 de Deniers – 2 de Coupes – 5 de Bâtons :
- le 2 de Deniers est flou, on ne sait pas trop l’interpréter : « là maintenant / ne pas savoir sur quel pied danser / ne pas être sûr de son équilibre » (quelque chose comme ça).
- le 2 de Coupes, par contre, paraît clair : « (avec) l’homme de ta vie »
- le 5 de Bâtons est très facile à résumer d’un mot : Rivalité.
La phrase se reconstitue alors toute seule. « En ce moment tu n’es pas sûre de ton équilibre / avec l’homme de ta vie / rivalité » donne « Comme tu n’es pas sûre de ton équilibre en ce moment, tu as tendance à te comporter avec l’homme de ta vie comme si vous étiez en rivalité ». Voyez qu’on n’a pas essayé de clarifier l’interprétation à donner au 2 de Deniers, on a au contraire utilisé le flou au maximum. Eclats de rire, car la jeune femme à qui s’adresse ce tirage a en effet tendance à monter sur ses grands chevaux quand elle joue à un jeu de plateau avec son mari ; c’est une façon d’exorciser le stress d’un avenir professionnel incertain.
Cette lecture fonctionne aussi si deux cartes paraissent se contredire. Celle qui reste explique pourquoi.
Exemple : Justice – 7 d’Epées – Soleil
- Justice : prendre ses responsabilités, mettre devant ses responsabilités ; responsabilité
- 7 d’Epées : tromperie, tromper, se tromper
- Soleil : joie, rayonner, partager
Tu essaies d’incarner la responsabilité, mais ce faisant, tu te trompes ; tu ferais mieux de prendre la position inverse, c’est-à-dire de faire partager ta joie plutôt que de dire ce qui ne va pas.
4. Narration
Les trois cartes représentent une histoire qui se déroule de gauche à droite comme les cases d’une bande dessinée. Lisez l’histoire pour en tirer un enseignement qui vous apporte quelque chose.
Exemple : 5 d’Epées – Cavalier de Coupes – 4 de Coupes
- Il y a un conflit, une dispute, qui a blessé des gens et dont le vainqueur n’a pas tiré grand’chose d’intéressant à part le plaisir égoïste d’avoir gagné.
- Quelqu’un essaie d’apporter une coupe (sentiment), il la tient en un geste d’offrande. C’est le contraire de ce qu’il s’est passé à la carte précédente. Sans doute que le vainqueur du débat s’est rendu compte de sa bêtise et qu’il essaie de rattraper le coup, comme quand on offre des fleurs pour se faire pardonner.
- Quelqu’un ignore une coupe qui lui est tendue juste devant la figure – c’est forcément la même coupe. Donc la tentative du personnage précédent ne marche pas.
Moralité : « Ce n’est pas parce qu’on est prêt à s’excuser, que l’autre doit forcément être prêt à l’accepter ». Et en effet, ce conseil peut éviter une nouvelle vague de ressentiment.
5. Position des dessins les uns par rapport aux autres
Deux personnages importants se tournent-ils le dos ? A ce moment la troisième carte peut représenter ce qui leur manque pour se réconcilier.
Une grosse carte centrale marque-t-elle clairement un axe de symétrie ? Par exemple, Tempérance entre deux cartes bien différentes peut vous enjoindre de trouver le moyen de les avoir toutes les deux malgré leur apparente incompatibilité.
Dans tous les cas, vous n’entendez que les mots principaux, et vous avez à reconstituer la phrase comme vous pouvez. Souvenez-vous que la bonne interprétation, c’est celle qui vous apporte quelque chose que vous ne saviez pas déjà et qui vous sera utile. Pour faciliter la lecture avec un peu d’humour, dites-vous que le Tarot est en train de vous parler comme un vieux petit maître zen, qui laisserait parfois échapper un « petit scarabée » en guise de ponctuation. N’oublions pas que le Tarot est un jeu de cartes, donc un jeu avant tout : il n’a pas à être difficile, et tout le monde peut s’en servir.
Plus on fait cet exercice, plus il est facile, surtout si on le fait avec un ami, parce qu’on est plus clair quand on interprète à haute voix.
Ce post déjà assez long pourra encore s’enrichir ; avez-vous d’autres techniques ?
Merci Emmanuelle ! C’est très aidant.
Marie-Laure
Merci bcp, c’est clair et super ludique 👍🙂
bonjour Emmanuelle
j’ai lu avec plaisir les informations que vous donniez concernant l’interprétation du tarot à trois cartes. Cela m’a bien intéressée.
Pourriez-vous m’indiquer quand aura lieu votre prochain cours et comment faire pour y participer.
Merci
fabienne
Merci Fabienne ! Pour voir les dates passez juste la souris sur l’onglet « Apprendre le Tarot » en haut à gauche d’ici et sélectionnez ce qui vous intéresse (ateliers de pratique, initiation complète, journée de pratique). Pour vous inscrire il suffit de m’envoyer un message sur une de ces pages !
Je me suis pris la tête à faire des tirages personnels avec plein de cartes. Merci Emmanuelle de nous rappeller qu’avec 3 cartes c’est bien aussi.
L’art de la simplification par Emmanuelle. Et ça marche!