Rayonner d’une joie communicative.

Nous voici à la troisième d’une série d’arcanes de plus en plus lumineuses. L’Etoile nous avait permis de voir le Désir que l’on poursuivait ; le voyage de la Lune nous a donné les moyens de l’atteindre en réconciliant nos différentes parties ; le Soleil est la clarté enfin atteinte. C’est donc un arcane de succès et de joie, de clarté et de libre expression.

Nous avons été purifiés par la Lune, car le voyage dans les profondeurs nous a permis de nous réconcilier avec tout ce que nous trouvions à l’intérieur (représenté par les trois animaux de l’arcane XVIII). Maintenant qu’il n’y a plus de conflit, tout peut s’éclairer dans cette arcane de guérison. La clarté du Soleil représente le fait d’y voir enfin clair : nous pouvons enfin nous exprimer librement, car nous avons désormais conscience de tout et la vérité parle d’elle-même. Nous savons qui nous sommes et connaissons nos limites (représentées par le mur, qui n’est pas si haut qu’il nous interdirait de le sauter, mais sert à clairement délimiter un territoire au-delà duquel il est inutile d’aller car nous avons déjà terminé notre aventure).

Cette clarté nous donne de la joie : nous voyons maintenant le reste de la Création tel qu’il est, donc nous pouvons l’aimer d’un amour inconditionnel. En effet, qu’est-ce que détester quelque chose sinon mal le comprendre, ou projeter dessus des impressions qui ne concernent en réalité que nous, sans le voir ? Il est même difficile de continuer à condamner fermement un criminel, si l’on essaie sincèrement de comprendre tout ce par quoi il est passé, la façon dont on l’a élevé, ce qu’on lui a fait subir, sa manière de penser, les circonstances dans lesquelles il se débattait. Comprendre, c’est percevoir que nous partageons la même force de vie, et cela fait naître l’amour.

Cet amour est représenté par les deux enfants sur le tarot de Marseille. On voit à leur attitude qu’ils s’entraident : celui de gauche a l’air de guider l’autre, qui va vers lui sans retenue. Ce sont des enfants car leur amour est innocent, profond et véritable. Il s’oppose à celui des deux diablotins de l’arcane XV qui confondent l’amour et la simple pulsion sexuelle, qui nous entraîne aveuglément vers autrui sans que nous ne nous intéressions véritablement à qui il est. L’amour enfantin du Soleil est, lui, entièrement pur et désintéressé. Le Rider-Waite fait un pas de plus que le tarot de Marseille, en ne représentant qu’un seul enfant couronné de fleurs devant un champ de tournesols. Le tournesol est une plante qui se tourne vers le Soleil comme pour l’adorer ; l’enfant partage donc avec lui cette joie et cet amour. Leur rencontre représente donc en plus de l’amour d’autrui, l’amour du reste de la Création où l’on se reconnaît.

(Nous remarquons qu’il porte à son chapeau la même plume que le Fou, mais teinte en rouge, de la couleur du manteau du Bateleur – celui qui avait, de plus que le Fou, une personnalité propre. L’enfant du Soleil a fait de ce manteau un étendard, auquel il peut maintenant rallier autrui).

Cet Enfant est la fondation d’une nouvelle vie, maintenant que l' »initié » a intégrer tous les enseignements des arcanes précédent. Le cheval monté à cru met toute sa puissance corporelle au service de l’enfant avec lequel il communique sans médiation : notre désir est donc propulsé par toute la force de notre volonté, sans conflit ni zone d’ombre, ce qui ne peut que nous mener au succès.

Ce faisant, comme tout est clair et qu’il est porté par l’Amour, nous pouvons alors donner, inonder de notre lumière ceux qui vivent autour de nous. On voit que les gouttes de rosée qui montaient vers la Lune (pour récupérer ce qui nous permettait de comprendre) redescendent sur Terre dans la lame du tarot de Marseille : c’est un don qui arrose tout le monde sans discrimination. C’est cela qui s’exprime par exemple lorsque nous recevons un conseil précieux : la personne ne fait que passer dans notre vie, n’a rien à gagner à nous aider, et pourtant, appuyée sur une sagesse plus grande que la nôtre, elle nous a fait un don.

Le Soleil est aussi le symbole de l’or alchimique, qui représente la personnalité entièrement intégrée, la pleine conscience, la résolution de tous les conflits internes. La représentation sur notre arcane de l’astre qui donne la vie donne l’idée que ce Désir que nous poursuivions depuis le début s’exprime sous la forme d’une divinité. Les ouvrages d’alchimie, de gnose, ou de n’importe quoi qui touche à l’éveil de la conscience, parlent tous de la même façon du but de notre voyage : découvrir notre Dieu intérieur. Ce Dieu, c’est celui qui arrive à exprimer son Désir sans plus aucun des obstacles qu’on a appris à surmonter lame après lame dans l’ensemble du Tarot ; l’Amour que nous ressentons alors nous fait percevoir que par ce Dieu intérieur, nous sommes une parcelle de la Volonté divine.

Dans un tirage : le Soleil nous mettra en garde contre le fait de brûler les autres en dispensant des conseils non sollicités. C’est en vivant selon notre Désir propre que nous donnons aux autres envie de suivre le leur ; leur laisser voir ce que je suis suffit à les mettre sur la bonne voie sans qu’il y ait besoin de les envahir (c’est pour cela qu’il y a un mur). S’il y a eu maladie ou conflit, le Soleil est une carte de guérison. Il nous rappelle également de nous faire tels que des enfants pour ressentir la joie de vivre, pas comme ceux qui méprisent la spontanéité « infantil » et sont forcés d’aller dans les excès s’ils veulent ressentir quelque chose. Lorsque l’ennui de vivre fond sur nous, le Soleil vient nous rappeler que la vie vaut la peine d’être vécue malgré son cortège de douleurs.